Jean-Luc Pelletier, l’un des « architectes » de la Pépinière

Jean-Luc est membre du conseil d’administration de Frères des Hommes et l’un des « architectes » de la Pépinière de la solidarité internationale, qu’il a intégrée en tant que « tuteur référent » de l’équipe de Bordeaux.

Durant une grande partie de sa vie, ce père de trois enfants et grand-père de huit petits-enfants, a exercé la profession de géologue et d’hydrologue. Il passe les dix premières années de sa carrière à voyager là où il croyait pouvoir mettre ses compétences au service des populations locales. Ces voyages, de la République démocratique du Congo (RDC) en passant par la Tunisie puis au Brésil, lui ouvrent une fenêtre sur le monde mais à travers laquelle Jean-Luc n’entrevoit pas toujours des situations idéales. Au contraire, il se retrouve souvent « coincé » au milieu de jeux de pouvoir locaux.

« Au milieu d’une spirale de clientélisme et de corruption »

Né dans le nord de la France mais ayant grandi dans le sud-ouest, Jean-Luc quitte sa « zone de confort » pour la première fois à l’âge de 25 ans en direction de la RDC où il reste pendant un an et demi. Sa première mission consistait à réaliser une prospection minière servant à identifier des gisements d’étain et d’autres métaux rares. Mais, en réalité, il s’agissait plus de « pillage des richesses du Congo », qui venait d’obtenir son indépendance, de la part de l’ancienne puissance coloniale. « Je savais que ça ne servirait pas l’intérêt de ceux qu’on côtoyait dans les montagnes du Kivu, mais j’espérais néanmoins que globalement ça aurait servi le développement du pays », affirme Jean-Luc.

Une fois terminée l’expérience congolaise, Jean-Luc rentre en France, à Rennes, et repart à l’aventure avec sa femme. Sa famille va s’agrandir avec l’arrivée de trois enfants (l’ainé né en Tunisie, la deuxième au Brésil et le dernier à son retour en Bretagne), de pair avec une prise de conscience sur son travail. « J’ai la certitude de n’avoir pas travaillé pour le bien-être des populations locales, explique Jean-Luc, dans les trois pays j’ai retrouvé un peu les mêmes principes d’exploitation, soit par les capitaux internationaux, soit par les élites politiques et économiques, comme par exemple au Brésil, où je m’étais retrouvé au milieu d’une spirale de clientélisme et de corruption ».

« La façon de consommer ici influence la façon de produire là-bas »

A son retour en France au milieu des années 70, il intègre une équipe de Frères des Hommes à Lille, où il fait l’expérience d’une « solidarité fraternelle » et en devient même le coordinateur. Au cours de ses déménagements dans l’Hexagone, il s’est toujours rapproché de l’équipe locale de Frères des Hommes, d’abord à Nantes puis à Bordeaux : c’est de de cette manière que son engagement a pu se prolonger jusqu’aujourd’hui. En parallèle, il commence à accompagner de jeunes porteurs de projets au sein de la Maison des citoyens du monde (MCM) à Nantes et puis plus tard à l’Université de Bordeaux à travers la licence pro « Chargé de projets de solidarité internationale ». Lorsque Frères des Hommes souhaite développer sa capacité à accueillir de nouveaux bénévoles, c’est aussi sur la base de ses expériences et des discussions qu’elles provoquent, que l’idée d’un dispositif d’accompagnement de porteurs de projets de solidarité internationale voit le jour. Ce dispositif était la Pépinière.

Dès le départ, Jean-Luc a participé au chantier de la Pépinière au niveau bordelais et il est devenu tuteur référent. A travers la Pépinière, il transmet ses connaissances et compétences techniques en agriculture et sur le Mouvement des Sans Terres (MST), partenaire brésilien de Frères des Hommes. En effet, au cours de nombreux allers-retours au Brésil Jean-Luc s’est rapproché du MST dont il soutient le combat. « Là-bas, au Brésil comme dans d’autres pays au Sud, les terres sont consacrées aux cultures d’exportations. C’est aberrant. À cause de cela l’agriculture familiale est négligée alors qu’elle est plus performante que l’agro-industrie ! » s’exclame-t-il. Au sein de la Pépinière, il souhaite montrer que la moindre de nos actions est susceptible d’entraîner des répercussions et « que les choses au Nord et au Sud sont intimement liées, notamment dans l’agriculture : la façon de consommer ici influence la façon de produire là-bas. »

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