« Thé solidaire ? » : un combat pour défendre une vision du monde solidaire

Il y a déjà sept ans le projet « The solidaire ? » a vu le jour. Après une période de pause, en 2016 ses membres se sont tournés vers la Pépinière pour le relancer. Bastien Fillon, l’un des créateurs, nous raconte toute l’histoire.

Avant de nous exposer ton projet, est-ce que tu pourrais s’il-te-plaît nous présenter ton association Sensibilizaction ?

Nous avons créé l’association il y a dix ans à Orléans [sa ville d’origine], lorsque j’étais étudiant, avec d’autres étudiants notamment sénégalais. Elle est née en tant qu’association de solidarité internationale et au départ on soutenait des projets autour de l’agriculture paysanne au Sénégal mais ensuite cela a évolué et nous sommes devenus une association d’éducation populaire. Au fil du temps nous avons arrêté ces projets et nous nous sommes spécialisés dans l’éducation à la solidarité internationale (ESI), en nous disant qu’il fallait surtout faire changer les choses ici, en France. Maintenant notre association mène des actions de sensibilisation dans la rue – il n’y a rien de mieux que la rue pour rencontrer des gens. Nous sensibilisons à la fois à la solidarité internationale et à l’économie sociale solidaire (ESS) et à travers des ateliers on amène les gens à s’exprimer. L’expression citoyenne est un premier pas vers la réappropriation de la démocratie, afin de trancher nous-mêmes sur des questions locales et internationales.

Est-ce que tu pourrais nous préciser comment est née l’idée du projet « Thé Solidaire ? » et pourquoi avoir décidé de le reprendre ?

En 2007 dans le cadre de mes études, j’étais stagiaire du CCFD-Terre solidaire auprès d’HDO (Human Development Organization), une association sri Lankaise pour la défense des droits des travailleurs dans les plantations de thé, pendant neuf mois. J’ai découvert que le thé est un produit emblématique de la mondialisation. Il est produit par des travailleurs traités comme des esclaves dans des plantations – ils gagnent 3 euros pour 10 heures de travail par jour - il est commercialisé par des multinationales et est consommé partout dans le monde. Nous avons commencé à travailler sur la sensibilisation autour de cette thématique en nous disant que nous aussi, citoyens français, nous pouvions soutenir une consommation responsable et promouvoir des solidarités avec les communautés des plantations. Nous avons intégré une dimension locale et française et nous nous appuyons sur des exemples de lutte aussi bien au Sri Lanka qu’en France, pour montrer que l’économie actuelle est encore plus brutale dans les pays du Sud mais surtout qu’il y a des gens debout qui réagissent. Nous avons repris ce projet en 2015 parce que HDO a créé un syndicat indépendant nommé Workers Solidarity Union (WSU) et nous avions envie de le soutenir par l’organisation de formations et par le financement. La Pépinière nous a permis cela.

Existe-t-il des alternatives économiques à ces formes d’exploitation ?

Il existe des alternatives équitables. Dans les plantations il y a des coopératives de producteurs, une solution qui marche assez bien et avec une notion démocratique assez forte. Mais il y aussi de grandes plantations qui labellisent leurs productions sans qu’il n’y ait de changements structurels. Tous les commerces équitables ne sont pas les mêmes. Nous avons rencontré des ouvriers qui sont entrés en lutte, dans une usine à côté de Marseille qui transforme le thé en petits sachets. L’usine appartenait à un géant de l’agroalimentaire qui avait décidé de la délocaliser en Pologne parce-que la main d’œuvre là-bas coûte moins cher. Grâce à une grosse mobilisation et une campagne de boycott, ils ont réussi à récupérer leur usine et maintenant ils distribuent leur thé qui s’appelle 1336, du nombre de jours d’occupation de l’usine. C’est un exemple qui montre que cette économie libérale et capitaliste nous impacte aussi, mais que nous pouvons la combattre.

Qu’est-ce que cela représente la solidarité internationale pour toi ?

Pour moi, il s’agit d’un combat politique pour défendre une vision du monde solidaire. Il ne s’agit pas, par contre, d’apporter de la charité mais plutôt de comprendre comment fonctionne le système et comment celui-ci crée de l’exclusion afin de le changer. Cela veut dire aussi travailler pour la justice sociale et de réfléchir sur comment créer des solidarités et non pas des compétitions, comme à l’heure actuelle.

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