Ambre Sorgato (23 ans), Vivien Bourgeon (22 ans) et Victor Denerveaud (22 ans) sont trois pépins, étudiants par ailleurs à Bordeaux Sciences Agro, partis le 2 novembre dernier au Brésil où ils vont rester pendant trois mois. Sensibles à la question de l’accaparement des terres, leur projet consiste à découvrir les différentes solutions mises en place par le Mouvement des sans-terres (MST) pour faire face à cette problématique.
Ces trois amis étudiant en agronomie se sont retrouvés dans leur envie de s’engager. Ils se préparent à exercer leur métier mais de manière consciente et ouverte au monde. Ils ne se contentent donc pas d’accumuler les techniques et les savoirs que leur école leur transmet, mais estiment fondamental de réfléchir à l’usage qu’ils en feront dès qu’ils rentreront dans la vie active : c’est ce qu’ils viennent chercher dans la Pépinière. Membres d’Ingénieurs sans Frontières (ISF), ils ont d’abord connu le MST et Frères des Hommes dans le cadre d’un projet de sensibilisation sur la question de l’accaparement des terres. Ensuite, passionnés par la thématique et curieux de voir de leurs propres yeux le travail mené par les paysans du MST, ils ont décidé d’intégrer la Pépinière pour monter un projet de solidarité internationale auprès de ce mouvement.
Pourquoi avez-vous eu envie d’entamer cette expérience d’engagement citoyen ?
Vivien : L’école est un lieu de formation très théorique. Ce n’est pas un lieu d’engagement et il y a très peu d’ouverture vers la société. C’est très dépolitisé et je pense que c’est qui donne l’envie de s’ouvrir à autre chose et voir ce qui arrive dans la pratique, sur le terrain. L’engagement est aussi une ouverture d’esprit et, à notre âge, c’est aussi le bon moment. On peut monter un projet entre amis et à travers le monde, alors que nous n’aurons peut-être pas d’autres occasions de le faire. On s’est dit que nous aussi, sur une thématique qui nous plaît, nous pouvions apporter notre contribution.
Ambre : Découvrir d’autres systèmes, d’autres cultures, par le biais d’un projet, nous motive à fond car c’est aussi le moment où on se construit notre opinion personnelle, nos envies pour plus tard. Au-delà du voyage notre projet va nous faire rencontrer des gens, discuter avec eux et vivre avec eux.
Comment avez-vous choisi la thématique du projet et le pays de destination ?
Victor : Au départ nous travaillions sur un projet de sensibilisation autour de l’accaparement des terres au Brésil, avec ISF et en partenariat avec Frères des Hommes et la licence professionnelle « chargé de projet de solidarité internationale » à Bordeaux par l’intermédiaire de Jean-Luc Pelletier notre tuteur au sein de la Pépinière. On organisait des événements de sensibilisation au sein des écoles et des lycées. Plus tard, Jean Luc a suggéré l’intérêt d’aller voir ce que fait concrètement le MST (Mouvement des Sans Terres) sur le terrain, quelles sont les pratiques agricoles qu’il met en place. Il nous a encouragés et nous avons fait la proposition au MST qui s’est montré favorable. C’est ainsi que nous avons commencé à construire notre projet ensemble.
Quel est l’objectif de votre projet de solidarité internationale ?
Vivien : Ce voyage va nous permettre de constater l’impact des pratiques du mouvement sur le changement du système agricole au Brésil visant à étendre l’accès à la terre aux paysans brésiliens. Ce qui nous intéresse est d’échanger au maximum pour pouvoir recueillir le plus d’informations possibles et comprendre le fonctionnement et l’importance de ce mouvement pour le pays. En traversant différentes régions, on va pouvoir capitaliser les infos de chaque région, pour les croiser et éventuellement essayer de divulguer les bonnes pratiques aux endroits où elles ne sont pas connues.
Ambre : Au retour on souhaite aussi continuer notre action de sensibilisation en région bordelaise et partager notre expérience avec des personnes qui ne sont pas parties, en nous appuyant sur des photos et des vidéos qu’on aura prises. On voudrait voire organiser des débats et des conférences dans notre école d’agronomie où on pourra aborder des questions plus techniques.
Comment va se dérouler votre périple brésilien ?
Victor : Le MST est présent sur tout l’Etat et nous irons dans trois zones particulières où nous ferons des visites au sein de coopératives, écoles et centres de formation, accompagnés par des membres du MST, tout en essayant d’apporter un regard neuf. Au début, nous allons passer deux semaines dans une école du mouvement à Sao Paulo. Ensuite, nous allons partir dans l’Etat de Bahia pendant trois semaines pour rencontrer des coopératives agricoles pour ensuite passer trois semaines dans l’Etat du Paraná et réaliser une comparaison entre ces deux Etats. Le dernier mois, par contre, nous ferons un stage, séparés, au sein de trois différentes coopératives agricoles. C’est à ce moment que nous pourrons capitaliser les connaissances apprises, toutes les visites réalisées et échanger ces données avec les coopératives.
Comment se passe l’accompagnement par votre tuteur ?
Ambre : C’est génial. Jean-Luc a été présent tout le temps, en répondant à la moindre de nos questions. En plus de son rôle de tuteur, il est très au fait des problématiques concernant le système agricole au Brésil. Avant même qu’on ne se lance dans le projet, il a passé un après-midi entier avec nous à nous expliquer les problèmes politiques au Brésil et la question de l’accaparement des terres. Il nous a offert plein de documents, de cartes et de livres. Puis, quand je suis allée passer un semestre au Brésil dans le cadre de mes études, il se trouvait également au Brésil et m’a accompagné au siège du MST à Sao Paulo. Puisqu’il est un ancien interlocuteur du MST il nous a vraiment permis de faire le lien avec eux.
Qu’est-ce que vous espérez de cette expérience ?
Vivien : Rencontrer le maximum des gens. Plus de monde on rencontrera, plus on pourra faire des croisements entre les opinions, les pratiques, plus nous comprendrons le MST !