« Je veux m’adresser aux femmes »

Paula Accioly, originaire du Brésil, a toujours voulu se mobiliser contre les inégalités dans son pays. Elle continue cette lutte à travers son projet dans la Pépinière.

Est-ce que tu peux te présenter ? Ton parcours ?

Je suis brésilienne mais j’habite en France depuis 3 ans. Je suis venue une première fois pour un échange universitaire en 2012 puis pour faire mon Master ici. Au Brésil j’ai étudié les Relations Internationales dans l’Université Catholique de São Paulo (Pontifícia Universidade Católica de São Paulo). En France, j’ai étudié les Sciences Politiques à la Sorbonne et la Coopération Internationale en Education et Formation à Paris-Descartes. L’année dernière j’ai fait mon stage de fin d’études dans le secteur de l’Education de l’UNESCO. En ce moment je travaille sur un projet pour l’inclusion sociale des réfugiés en France par le biais du sport.

Comment est née cette envie d’engagement citoyen ?

C’est plutôt un engagement personnel que je poursuis. Ayant grandi au Brésil, j’ai toujours été confrontée aux inégalités sociales et à la pauvreté. C’est pourquoi depuis ma jeunesse, je me suis toujours impliquée dans l’environnement associatif. J’ai fait du bénévolat auprès de plusieurs organisations travaillant avec des enfants et des adultes en situation de vulnérabilité sociale. De plus, il y a 30 ans mes grands-parents ont fondé l’association Batuira Projeto Renascer, qui s’occupe des femmes enceintes vivant dans la pauvreté à Jacareí, à 80km de São Paulo. Cette association apporte de l’aide à l’éducation, à l’orientation maternelle, la nourriture et les vêtements et de l’assistanat social.

D’où vient ton idée de projet ?

Cette année je me posais la question sur ce que j’avais envie de faire, je cherchais un peu des opportunités dans différentes associations mais je me suis dit : « pourquoi pas commencer mon propre projet et voir comment les choses avancent ? » C’est un projet qui est né de ma recherche en Master. J’ai fait un travail sur le thème Bolsa Família, un programme social brésilien de versement d’aide conditionnel destiné aux familles en situation de vulnérabilité ou de pauvreté. En janvier 2015 j’ai pu interviewer des femmes qui bénéficiaient de la Bolsa Família mais aussi de l’aide de l’association de mes grands-parents, ça m’a donné envie d’aller plus loin.

Plus concrètement, qu’est-ce que tu souhaites développer ?

Je veux m’adresser aux femmes comme le fait l’association de mes grands-parents, mais pas seulement celles qui sont enceintes. Je me suis inspirée d’un guide méthodologique réalisé par la Commission Femmes et Développement qui divise l’empowerment des femmes en 4 parties. « AVOIR » pour renforcer le pouvoir économique des femmes, « SAVOIR » pour améliorer leur éducation, « VOULOIR » pour renforcer leur confiance en elles-mêmes et « POUVOIR » pour renforcer les capacités de femmes de s’organiser et de participer aux prises de décisions politiques. L’idée est de proposer de nouvelles activités afin de répondre aux besoins des femmes de Jacareí en éducation et pour la génération de revenu. Dans l’association Batuíra Projeto Renascer on a l’espace et le temps, il nous faut juste des ressources financières et humaines.

Comment as-tu connu la Pépinière ?

J’ai connu la Pépinière en assistant à une formation de Frères des Hommes sur l’agro-écologie, « Regards croisés Brésil-Haïti ». Jean-Luc Pelletier, un de vos tuteurs, m’a parlé de la Pépinière parce que j’avais déjà cette idée de projet donc il m’a conseillé de la développer au sein de la Pépinière. C’est rassurant d’être accompagnée par une association qui a 50 ans d’expérience.

Qu’est-ce que ça veut dire pour toi de t’engager en tant que Pépin

Le fait d’avoir des valeurs similaires à celles de Frères des Hommes est quelque chose qui m’a attirée. Je ne dirais pas que mon engagement soit politique, mais plutôt social. Ce projet c’est un peu mon projet de vie. Vraiment c’est quelque chose qui est très important pour moi. Les inégalités et la pauvreté me posent un vrai problème. J’ai eu l’opportunité de faire des études, de partir à l’étranger et de voir comment les choses pourraient être différentes dans mon propre pays. Beaucoup de filles et de femmes au Brésil n’ont pas eu la même chance que moi, c’est pourquoi je souhaiterais leur apporter quelque chose, du bien-être, des connaissances. Je me sens redevable par rapport à mon pays en quelque sorte.

Est-ce que tu aurais une définition personnelle de la solidarité internationale ? Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Pour moi la solidarité internationale c’est un échange, entre deux êtres humains. Malgré les différences de nos pays, nous sommes tous pareils. Le fait que je sois brésilienne ou française, que je sois née riche ou pauvre, peu importe. La solidarité internationale c’est de l’entraide entre les gens.

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